Un théatre de l'intranquilité

Katarina Kudelova coud, colle, tresse, s’il le faut avec des barbelés, dessine, se déguise, s’apprête à faire sauter les pétards, y compris sur elle-même, sur ses compagnons ou sur ses doubles : lapin, ours, hermine, chien, saurien, mouton, chat et oisillons. Jamais à l’abri, jamais vraiment installée dans une tranquille introspection. Toujours sur le qui vive d’un territoire en sursis.
Une opération suit l’autre, souvent cruelle. On perçoit les échos lointains du Théâtre d’Artaud puis des innovations de Grotowski ou de Kantor, influence clairement assumée depuis l’École. Et pourtant, à l’horizon, on aperçoit parfois les pentes douces et arborées du pays natal slovaque, les profils sereins des camarades d’école ou des proches, comme des lambeaux de Paradis perdu.
L’écriture de l’artiste, sans jamais évoquer le fantastique ni quelque visée provocatrice, plonge ses racines dans le mystère. Un mystère plutôt familier, qui doit se nicher quelque part du côté du pot au lait des contes enfantins ; inséparable, il est vrai, du loup, des brigands, des Barbes Bleus. A moins qu’il ne faille penser aux pires champs de bataille du moment. Ou, peut-être plus cruellement encore, à la scène instable mais jamais vide de nos trop brûlants questionnements intérieurs.
Jean Pierre Arnaud, novembre 2016.

Entretien radiophonique avec Ľubica Laššáková – 2008 (en slovaque)

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